Dans les coulisses du Carnaval

Dans les coulisses du Carnaval
Dans les coulisses du Carnaval

Eden, Charleroi

L’Eden, Centre Culturel et Centre d’Expression et de Créativité de Charleroi, a lancé depuis 2016 la Grande Parade, un des groupes folkloriques du Carnaval carolo qui se veut le reflet de la diversité de la population. La Grande Parade redynamise le folklore du pays noir. Avec succès : cette année a rassemblé plus de 500 participants. Un événement citoyen qui se prépare bien à l’avance.

Les différents participants de la Grand Parade conçoivent les costumes, accessoires, etc. dès septembre chez eux. À partir de février, on se retrouve tous à la grande salle de concert de l’Eden, transformée en un lieu de création, appelé la Grande Fabrique pour l’occasion”, explique Sandrine Schenkel, chargée de projets à l’Eden.

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Chaque costume est créé par les participants à la Grande Fabrique

Bienvenue à tous

Durant trois semaines, la Grande Fabrique ouvre ses portes à tous ceux qui désirent participer au carnaval : “enfants, retraités, personnes porteuses d’un handicap, travailleurs, migrants… carolos ou pas, artistes ou pas”, précise Fabrice Laurent, directeur de l’Eden. “L’événement, tant la préparation que le défilé, se veut fédérateur. Il a pour but de rassembler les citoyens autour d’un projet collectif ».

Parmi les participants, on retrouve Charlotte Belayew, animatrice pour le mouvement Présence et Action Culturelles, appelé PAC, porteur du groupe carnavalesque Les Sorcières pour la Grande Parade. Tous leurs costumes ont été conçus à la Grande Fabrique. “Le lieu existe depuis quelques années, c’est de plus en plus connu, c’est assez ouvert, on peut passer de table en table, discuter, échanger des idées… c’est très convivial. Parfois, je viens juste pour prendre un café et parler avec des gens”, explique-t-elle.

Il a pour but de rassembler les citoyens autour d’un projet collectif

Cet immense atelier créatif permet non seulement de tisser des liens mais aussi de réaliser des créations originales.

À cette fin, de nombreux ateliers et workshops, animés par des artistes, sont organisés : confection de costumes, construction de sculptures, invention de chorégraphies et d’interventions musicales ou encore fabrication de décors. Ils sont destinés aux participants venus de leur propre initiative ou à des groupes déjà existants. La Maison Médicale de Gilly, par exemple, a travaillé avec la plasticienne Peggy Francart sur le thème de l’artiste Arcimboldo pour leurs créations. Le personnel soignant, les patients et les employés administratifs se sont donc inspirés des légumes, des plantes et des fruits pour réaliser des costumes, d’abord sur papier, ensuite sur un modèle 3D.

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Toutes les musiques sont jouées en direct lors du défilé

Une parade engagée

La Grande Parade, à travers le projet de la Grande Fabrique, s’engage également à valoriser une autre manière de faire vivre le carnaval. “On travaille essentiellement avec des matériaux récupérés ou recyclés. Aucun char n’est motorisé. Pas non plus de musique enregistrée, uniquement de la musique de fanfare”, indique Fabrice Laurent.

À côté de l’aspect esthétique et coloré de la Parade, ce cortège particulier a la volonté de raconter beaucoup de choses sur la société à travers l’appropriation de l’espace public. “On défend la vision utopique d’une société où chacun a sa place, quelque soit son milieu social ou ses compétences. On présente une société inclusive et résiliente”, ajoute Fabrice Laurent. “Avec des masques et des costumes, on s’affranchit des règles, on transgresse les codes et surtout, on décompresse ensemble”. Le tout est réalisé avec humour et satire.

On défend la vision utopique d’une société où chacun a sa place.

Le groupe des Sorcières constitue un exemple parlant de cette vision. Charlotte Belayew, à partir de différentes activités du PAC, a questionné le féminisme à travers l’image de la sorcière, qu’elle incarne avec d’autres participants lors de la Grande Parade. “En se déguisant en sorcière, on déconstruit les stéréotypes. On dénonce la société patriarcale et l’invisibilisation des femmes.”

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Le brûlage du Corbeau, en plein centre ville, clôt toute cette aventure

Un “joyeux bordel”

Pour caractériser ce bouillonnement créatif, Sandrine Schenkel aime partager cette image assez caractéristique de « joyeux bordel » : “c’est grotesque et satirique, un aspect brut qu’il est bon de côtoyer”. Pour elle, la véritable identité du Carnaval de Charleroi est en train de se déployer.

Le jour du carnaval, la Grande Parade défile dans les rues et ruelles de Charleroi. Elle termine son défilé sur la Place du Manège avec le jugement et le brûlage du Corbeau. L’occasion pour la Ville de faire disparaître toutes les idées noires de ses habitants et d’accueillir avec entrain l’arrivée du printemps.

Contact :
Eden
Boulevard Jacques Bertrand 1,
6000 Charleroi
+32 (0)71 20 29 95
info@eden-charleroi.be
https://www.eden-charleroi.be

©Vidéo/Reed & Jérôme Gobin